Boucler la boucle.
Principe de base.
Lorsque l'on échantillonne un instrument, il se pose rapidement le problème de la durée du son dans le temps, appelé aussi sustain. En effet, plus la note d'un instrument va mettre de temps à s'éteindre, plus le fichier son généré lors de l'échantillonnage va être lourd et difficilement gérable pour le sampler, en partie à cause du manque de mémoire (RAM).
Avec les percussions le problème est réglé car ce sont des sons trés brefs (caisse claire, bongo etc...) et les fichiers seront de petite taille. Il n'en va pas de même avec beaucoup d'autres instruments comme l'orgue par exemple dont les notes peuvent durer indéfiniment.
Pour résoudre ce problème il existe une solution à la fois pratique et élégante qui consiste à mettre en boucle une partie du son échantillonné, la partie contenue dans la boucle va alors être lue indéfiniment jusqu'à ce que la touche qui déclenche le sample soit relachée. On peut bien sûr agir sur ce "sustain artificiel" en le faisant décroitre progressivement comme les notes d'un piano par exemple. L'avantage de cette méthode est que l'on a pas besoin de l'intégralité du son de l'instrument, (les 4 ou 5 premières secondes suffisent) et la taille des fichiers s'en trouve considérablement réduite.
Pour obtenir une boucle qui ait l'air naturel et ne heurte pas l'oreille il faut positionner les "points de bouclage" dans une partie de l'échantillon située aprés l'attaque du son et ses transitoires et au cours de laquelle l'amplitude est à peu prés la même pour que la différence de volume ne soit pas trop flagrante à la jonction des deux points de bouclage. Plus cette partie de l'échantillon sera longue, plus vous aurez de chances de trouver deux points dans le sample ou le timbre et la tonalité sont proches.
Une fois la boucle selectionnée il est préférable de placer les points de bouclage à l'endroit ou le signal repasse
par 0 volt, cet endroit s'appelle le "zero crossing" et il permet d'obtenir la même tension au deux points de bouclage et de limiter (mais pas toujours) les clics et les plops dû au retour de boucle. Aujourd'hui presque tous les samplers et logiciels possèdent une fonction qui détecte automatiquement les points de zero crossing.
Turn, turn, turn...
Autre paramètre important, (sinon ça serait trop simple), le déroulement du cycle de la forme d'onde à l'intérieur de la boucle. Prenons l'exemple simple d'une sinusoïde à la fréquence de 60 hertz, ce qui veut dire que le signal va faire 60 cycles par seconde (la note obtenue sera un si), sur la figure 1 nous avons affaire à un bouclage
qui fonctionne, en effet, une fois le cycle entièrement accompli la lecture de l'échantillon revient au premier point de bouclage et reprend le cycle au début, la jonction se fait sur des points de zero crossing (tout baigne).
Sur la figure 2 le zero crossing est toujours respecté mais le déroulement du cycle lui ne l'est pas, ce qui fait que
la boucle va être désacordé par rapport au reste du sample (ici la boucle va être en mi au lieu d'être en si).
Quand à la figure 3 c'est le "no respect" partout, zero crossing et déroulement du cycle, la boucle va donc être désaccordée et va en plus émettre un méchant clic à chaque retour de boucle.

Bouclez là!
Bien evidemment ces exemples sont extrêmement simple, il en va tout autrement lorsque l'on a affaire à un sample
de violon, ou de guitare, c'est là ou les oreilles, le savoir faire, et le bon goût entrent en jeux.
Dans un sample de violon on peut déjà constater que les cycles sont complexes et rarement identiques entre eux
et qu'en plus ils ne sont pas aussi réguliers et prévisibles que ceux de notre gentille sinusoïde. Il est donc nécessaire de prendre le temps d'écouter, d'essayer, et de recommencer plusieur fois pour arriver à quelque chose de satisfaisant.

Une fois que vous avez positionné vos points de bouclage et que le résultat vous semble correcte, vous
pouvez commencer à utiliser le "crossfade" pour éliminer les clicks et atténuer les éventuelles différences
d'amplitudes . Mais attention, le crossfade n'est pas un remède miracle il ne fait en gros qu'arrondir les angles au niveau de la jonction de la boucle pour que le passage se fasse en douceur, mais il ne masquera pas les
différences de tonalité ou de timbre. C'est donc de votre travail sur les points de bouclage que dépend la
réussite de votre loop, le crossfade ne faisant par la suite qu'affiner le tout.
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